Eléments de contexte :
- 1957 : la FNSEA crée une commission féminine.
- 1961 : le mot « agricultrice » entre dans le petit Larousse. C’est aussi l’année de naissance de Christiane Lambert. Fallait-il y voir un signe pour cette défenseure de l’agriculture ?
- 2017 : décès soudain de Xavier Beulin. Christiane Lambert devient la première présidente du premier syndicat agricole de France. Christiane Lambert en était sa vice-présidente depuis 2010.
En 2017, la délégation aux droits des femmes du Sénat a enclenché un cycle de tables rondes et d’auditions sur le thème « Les femmes et l’agriculture ».
Le jeudi 30 mars 2017, la délégation a organisé une table ronde sur l’enseignement agricole et la formation des agricultrices et, le mardi 4 avril 2017, une table ronde sur les questions sociales.
Le 23 mai 2017, la délégation aux droits des femmes et la commission des affaires sociales du Sénat ont auditionné Christiane Lambert, nouvelle présidente élue de la FNSEA, pour mieux appréhender la place des femmes dans les métiers agricoles.
Selon Jacqueline Cottier, présidente de la commission féminine de la FNSEA, le choix d’une présidente est un message fort adressé au monde agricole, alors que la profession reste dominée encore majoritairement par les hommes.
25% de femmes exploitants agricoles
36% des salariés du secteur sont des femmes (394 000 femmes qui représentent 93 700 équivalents temps plein). En 2014, seulement 25,5% des exploitants agricoles étaient des femmes contre 12% en 1988 et 8% en 1970. Les métiers de l’agriculture se féminisent mais cela reste modéré : un tiers des nouveaux installés sont des femmes.
Des avancées…
Un certain nombre d’avancées ont néanmoins permis aux femmes d’accéder aux responsabilités. Un premier statut d’agricultrice a été créé en 1988, puis ensuite celui de conjoint collaborateur. Elles sont un peu plus de 30 000 à bénéficier du statut de collaborateur d’exploitation. Mais elles optent de plus en plus souvent pour un statut de cheffe d’exploitation, leur offrant une couverture sociale équivalente à leur conjoint. Depuis 2012, les conjoints peuvent créer ensemble, et à statut égal, un GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun).
… et des freins qui persistent
La présidente de la FNSEA note deux freins principaux auxquels sont confrontées les femmes qui souhaitent devenir agricultrices.
Le premier est la sensation de ne pas avoir assez de « bagage » technique et agricole. Christiane Lambert juge donc capitale l’acquisition d’une bonne formation, que ce soit sur le cœur de métier ou sur la prise de parole. Les agricultrices doivent être en mesure de présenter et de défendre un projet devant différents publics (financeurs, etc.) et de faire face à un monde encore très masculin.
Le deuxième frein porte sur l’accompagnement des maternités des agricultrices qui peut perturber un parcours professionnel. Seulement 55% des femmes qui accouchent utilisent le congé maternité, alors qu’elles pourraient bénéficier d’un financement de leur remplacement. En milieu rural, trouver un mode de garde d’enfants adéquat n’est pas toujours aisé.
Petites retraites pour les femmes d’agriculteurs, quelles solutions ?
Aujourd’hui encore, un trop grand nombre de femmes n’ont pas opté pour un statut social, selon Jacqueline Cottier. Face à cette problématique, Elisabeth Doineau a interrogé Mme Lambert sur les actions que mène la FNSEA pour améliorer les conditions de vie des conjointes d’agriculteurs qui se retrouvent avec de très petites retraites.
Christiane Lambert évalue le montant moyen de ces retraites à 500€. Aujourd’hui, les agricultrices ont des retraites plus élevées, « même si beaucoup ont encore des retraites honteuses au regard des efforts fournis ». La FNSEA milite pour un calcul de la retraite basé sur les 25 meilleures années et sur une fiscalité agricole incitant les agriculteurs à capitaliser pour leurs retraites. Aujourd’hui, le monde agricole compte trois retraités pour un actif.